CLAUDE GALIEN
l'ange de la médecine

Un jour, il y a bien longtemps, un philosophe perse vint consulter un célèbre médecin romain ; les deux derniers doigts d'une de ses mains avaient perdu presque toute sensibilité. Pendant que le médecin l'examinait, le patient lui dit avoir été soigné par de nombreux praticiens : compresses, infusions de mauve, exorcismes, rien n-y avait fait !
Sceptique, le médecin haussa les sourcils, mais poursuivit néanmoins son examen.
" N'êtes-vous jamais tombé sur la colonne vertébrale ?é lui demanda-t-il.
- Non je ne crois pas. Simplement, il y a quelques années déjà, je suis tombé, et mon épaule a heurté assez durement une pierre. Mais c'est de l'histoire ancienne qui n'a rien a voir avec mon doigt……..
- Vous vous trompez, répondit le médecin, votre choc a provoqué une inflammation de la moelle épinière à la hauteur de la septième vertèbre cervicale ; or ; c'est là que prend naissance le nerf cubital, qui se prolonge jusqu'aux deux derniers doigts.
Cela se passait en 171 après JC et ce diagnostic digne de la médecine moderne, avait été porté par Claude Galien. Ce médecin, Romain d'adoption, mais Grec d'origine, naquit a Pergame, sur la côte méditerranéenne de la Turquie actuelle, en 131 après JC. Longuement grecque par sa culture et sa civilisation, Pergame faisait partie de l'Empire romain depuis 133 av JC.


colonne de pergame


Galien y étudia la philosophie et la médecine (qui allaient alors de pair), puis il se rendit a Smyrne et ensuite à Alexandrie, où se trouvait une école fameuse d'anatomie et de chirurgie. A vingt huit ans, lorsqu'il revient à Pergame, Galien était déjà un médecin très réputé ; pourtant il rêvait de quitter sa province pour rejoindre Rome, la capitale. Cinq ans après, en 164, il s'y installa. La pratique de la médecine dans cette ville était alors une profession libérale, et un grand nombre d'aigrefins, se faisant passer pour des guérisseurs infaillibles, recevaient de très gros honoraires… en plus de distinctions de toutes sortes.
Galien s'en rendit compte tout de suite et le mentionna dans une de ses œuvres : " Même les cordonniers, les teinturiers, les charpentiers, les serrruriers abandonnent leur métier pour s'improviser médecins : Ceux qui préparaient les couleurs pour les peintres et les drogues pour les pharmaciens se prennent tout bonnement pour de véritables savants : "
Galien devint vite célèbre à Rome. Il faisait ses cours dans un théâtre public, se lia d'amitié avec les hommes les plus respectables de l'époque, et gagna même la confiance de l'empereur Marc-Aurèle, qu'il guérit d'une maladie sur laquelle tous les autres médecins avaient porté un faux diagnostic. Galien eut bientôt la joie d'être nommé médecin des gladiateurs : en effet, en soignant leurs blessures, il allait pouvoir perfectionner sa connaissance de l'anatomie et de la physiologie humaines ; il n'avait pu jusqu'alors expérimenter que sur des animaux, l'autopsie( dissection des corps humains) étant interdite. Ainsi il recueillit une foule de précieux renseignements, d'observations, de découvertes. Il étudia de nombreuses lésions cervicales, ce qui lui permit de faire la distinction entre nerfs sensitifs et nerfs moteurs.
Un grand pas dans l'histoire de la médecine était accompli. Il mit en évidence le système circulatoire et constata la présence permanente du sans dans les artère. Entre 169 et 1980, c'est-à-dire jusqu'à la mort de Marc-Aurèle (et malgré quelques erreurs comme, par exemple, l'affirmation de la présence d'un orifice qui ferait communiquer les deux ventricules du cœur), Galien accomplit beaucoup de travaux d'une importance considérable, à tel point que ses contemporains ne tardèrent pas à l'appeler "l'ange " (par un anagramme de son nom latin Galenus= Angelus voulant ainsi indiquer qu'il était " l'ange de la Médecine ".
Durant les dernières années de sa vie, jusqu'à sa mort en 201, Galien écrivit son plus important ouvrage : l'art médical, résumant son enseignement.La médecine de Galien




La médecine de Galien


Fidèle en partie à l'enseignement du grand savant Hippocrate, fondateur de la médecine, Galien affirmait l'existence de l quatre humeurs dans le corps de l'homme : le sang, la lymphe, la bile et la bile noire, l'équilibre de ces humeurs donnant un caractère calme, pondéré, alors que la prédominance de l'une ou l'autre était la cause d'un caractère sanguin ou flegmatique, coléreux ou bilieux. Galien s'opposait cependant à Hippocrate en un point : il affirmait en effet que les maladies ne provenaient pas de l'inharmonie de ces humeurs, mais d'une lésion ou d'une imperfection organique précise. Cela était non seulement exact, mais très important. Les explications plus ou moins métaphysiques des maladies étaient enfin abandonnées au profit des causes scientifiques. Galien, dont les recherches se fondèrent toujours sur des faits, est le premier grand médecin "moderne et son livre, l'art médical, fut jusqu'en 1600 un manuel fondamental pour les étudiants en médecine.