LA FAMILLE ROMAINE SOUS LA REPUBLIQUE


Les Romains donnèrent à la famille une grande importance. Ils avaient compris qu'il n'est pas possible d'être un honnête citoyen si l'on ne reçoit pas dés l' enfance une bonne éducation. La grandeur de Rome est due sans aucun doute à l' organisation de la famille.


LE PATER FALMILIAS


Chez les Romains, le chef de famille est le père. Il est considéré comme le roi de la maison et le prêtre de la religion domestique : en effet, c'est lui qui en célèbre les rites, devant l'autel des dieux protecteurs de la famille. Son autorité est donc sacrée et sans limites.
Sa femme et ses enfants lui doivent la plus stricte obéissance. Un de ses fils parvient-il aux charges les plus élevées de l'Etat, et devient-il consul ou sénateur, il n'en reste pas moins sous l'autorité paternelle.
Le père possède véritablement sur ses fils le droit de vie ou de mort. Si l'un d'eux naît infirme, son père est libre de ne pas l'accepter, de le vendre ou de le laisser mourir !
Les petits enfants qu'ont veut laisser mourir sont abandonnés près d'une colonne située dans un grand marché ; c'est la colonne " lactaire " (du latin lac, lait) car le seul aliment des bébés de cet âge est le lait.
Souvent une personne charitable recueille les pauvres petits pour les élever, à moins qu'un exploiteur, épouvantable monstre, ne les mutile pour les utiliser par la suite à solliciter la charité.


LA MATRONE



A la différence des femmes de la Grèce et de beaucoup de peuples de l' Antiquité, la femme jouit a Rome d'un grand prestige, et elle est entourée du plus grand respect. Bien qu'elle soit sous la tutelle de son époux (ou de son fils aîné si elle reste veuve), elle est considérée comme la reine de la maison. On l'honore du nom de domina, patronne, et matrona (de mater, mère) matrone. Elle est pour son mari, à chaque instant de sa vie, une véritable compagne et partage avec lui les responsabilités de la vie familiale, ainsi que les honneurs de la vie publique.
Elle n'est pas, comme à Athènes, confinée dans les appartements réservés aux femmes. Elle accompagne son mari dans les cérémonies et les jeux ; Ellle partage les honneurs qu'on lui rend. Elle participe aux banquets, chose qui serait scandaleuse en Grèce ; tandis que les hommes mangent allongés sur de longs fauteuils appelés triclini (du grec treîs, trois, et cliné, lit, c'est-à- dire fauteuil pour trois personnes), les femmes sont assises et n,e boivent jamais de vin.
En chemin, les hommes boivent leur céder le pas ; si quelqu'un leur adresse des paroles offensantes, il risque la peine de mort. Une légende raconte que Sextus, fils de Tarquin le Superbe, déchaîna une insurrection populaire pour avoir offensé Lucrèce, femme de Collatin (qui devint le premier consul de Rome), et que le roi et sa famille durent abandonner Rome pour toujours.

LES ROMAINS ONT TROIS NOMS


A l'âge de neuf ans, les enfants reçoivent leur nom. Celui des garçons est composé de trois parties : le prénom (les plus courants sont Gaius, Lucius, Aulus, Cnaeus, Publius, Sextus, Servius, Tiberius, Titus, Quintus) ; le nom, qui indique la gens dont il fait partie, c'est-à-dire le groupe des familles descendant d'un même ancêtre ( exemple : Cornelius, descendant de la gens Cornelia ; Julius descendant de la gens Julia) ; enfin le surnom, qui servit à l'origine à désigner un individu par une de ses caractéristiques particulières, et par la suite indiqua la famille : ainsi la famille de Cicéron tire son surnom du fait qu'un de ses ancêtres avait sur le nez un gros grain de beauté ( en latin cicer signifie pois chiche).
Les femmes portent le nom de la gens au féminin, auguel on ajoute parfois un diminutif tiré du surnom (la fille de Marcus Vipsanius Agrippa s'appelait Vipsania Agrippina).

UNE AME SAINE DANS UN CORPS SAIN


Aux premiers temps de la République, ce sont les parents qui s'occupent entièrement de l'éducation de leurs enfants ; ils restent sous la tutelle de leur mère jusqu'à ce qu'ils aient sept ans ; puis c'est le père qui se charge d' eux jusqu'à l'age de dix-sept ans, et qui n'hésite pas à prendre sur son temps et, ses affaires pour leur apprendre à lire et à écrire et les faire assister aux évènements les plus importants de la vie publique. Il s'efforce de leur inculquer l'amour de la patrie, le respect de la religion, les traditions et les lois.
Selon une vieille maxime, les jeunes doivent avoir " une âme saine dans un corps sain " (mens sana in corpore sano), c'est-à-dire une intelligence vive et une excellente santé. On exerce donc leur esprit et leur corps. Ils pratiquent l'équitation, la natation, la lutte et la gymnastique ; une large place est laissée à la lecture des grands poètes.
Peu à peu, les enfants sont confiés à des précepteurs ou envoyés dans des écoles publiques. Celles-ci sont dirigées par des particuliers, souvent d'anciens esclaves affranchis qui, en échange d'un salaire très modeste, se chargent d'enseigner aux élèves la lecture, l'écriture, le calcul. Ils leur font aussi apprendre par cœur quelques sentences morales ou les textes de lois. A la fin de la République, on distinguait trois sortes d'écoles ; les premières correspondaient à notre école élémentaire, les deuxièmes équivalaient à l'école secondaire et les troisièmes étaient fréquentées par les jeunes gens désireux d'apprendre l'éloquence (du latin eloqui, parler) pour se destiner à la vie politique.

MAJEUR A DIX-SEPT ANS


A dix-sept ans, l'éducation du jeune Romain est terminée : il a atteint la majorité et a le droit de participer aux différents actes de la vie publique et de servir dans l'armée.
Il fête cet événement le 17 mars par une véritable cérémonie. Il se fait couper les cheveux, abandonne la bulle, (amulette qui l'a protégé pendant son enfance) et la dépose dans la chapelle où se trouvent les statues des dieux protecteurs de la famille. Il change également de costume désormais il ne mettra plus la toge ornée de pourpre appelée robe prétexte (du latin pretexta, bordée -sous- entendu de pourpre). Il lui est permis de revêtir la toge virile (du latin vir, homme), qui est complètement blanche.