Auguste 63 av JC / 14 ap JC

Héritier de Jules César, Auguste est le fondateur de l’Empire romain qui devait durer près de cinq siècles et marquer de sa civilisation l’histoire de l’Europe. Son long règne (près d’un demi-siècle) marque une étape importante dans l’histoire de Rome qui, après les guerres civiles, retrouve équilibre et prospérité, tandis que s’épanouissent les arts.
Octave-Caius Octavius- eut le bonheur de naître petit-neveu de César qui, remarquant son intelligence, le prit sous sa protection et le choisit pour héritier.
Lorsque César meurt en 44 avant JC et que s’ouvre la course au pouvoir, le jeune Octave a l’adresse de conclure une alliance provisoire avec les hommes en place, Marc-Antoine et Lépide : c’est le IIe triumvirat (43 av JC) qui va durer onze ans. Il établit son pouvoir en châtiant les assassins de César, Brutus et Cassius, qui se sont enfuis en Grèce, et qu’il vaut vaincre militairement (batailles de Philippes en 42). Le triumvirat organise alors l’Empire en zones d’influences Antoine reçoit l’Orient, Lépide garde pour un temps l’Afrique, tandis qu’Octave se réserve l’Italie, base du pouvoir dans l’Empire.
A Rome, sombrent les derniers espoirs des républicains. Deux mille chevaliers et trois cents sénateurs sont proscrits, tandis que Cicéron tombe sous les coups des tueurs.
Sans doute le triumvirat est il renouvelé en 37, mais Octave prépare déjà l’armée et la flotte à la lutte inévitable contre Antoine. En 31, au large des côtes grecques, la bataille d’Actium marque l’effondrement des prétentions d’Antoine qui se réfugie auprès de Cléopâtre et se suicide peu après.
Octave reste seul maître de l’Empire.
Mais comment organiser un pouvoir absolu dans le cadre d’institutions restées républicaines ? A Rome, les esprits n’étaient pas disposés à accepter une monarchie de type oriental. Octave eut l’habileté de sauvegarder les apparences du régime républicain, acceptant seulement d’être le premier magistrat du Sénat, ou princeps. En fait il a tout le pouvoir civil en tant que tribun, mais aussi les pouvoirs militaires (imperium) et religieux (pontifex) Général victorieux, il est imperator et, dés 27, reçoit le tire d’Auguste jusque-là réservé aux dieux.
Auguste établit son gouvernement en s’appuyant sur les classes dirigeantes qu’il organise selon des critères de richesses : les sénateurs devront désormais posséder une fortune d’un million de sesterces, les chevaliers, près de la moitié. A l’inverse, la plèbe romaine, qui bénéficiait traditionnellement de distributions gratuites de vives, voit diminuer les allocations de blé et de l’huile.
Même fermeté dans le domaine militaire : l’armée sera désormais permanente et, tandis que ses effectifs atteignent 350 000 hommes, la durée du service militaire est portée aà vingt ans dans les légions réparties aux limite de l’Empire0 Dans les provinces, Auguste délègue des gouverneurs, qu’il contrôle directement. Cette œuvre centralisatrice s’exprime par la création de services nouveaux comme la poste impériales (cursus publicus) ou l’organisation d’un système fiscal.
L’œuvre morale donne au régime sa couleur. Auguste est un conservateur ; il entend restaurer les vertus supposées de la Rome antique. Dénonçant le relâchement des mœurs, il édicte les lois sur le mariage et contre l’adultère, sur l’obligation d’avoir des enfants, en un temps ou l’Italie semble affectée d’un mouvement de dépopulation.
Dans le même temps, et avec l’aide de Mècène, Auguste rallie au régime les écrivains et les artistes. Des visions bucoliques du poète Horace aux chroniques de l’historien Tite-Live, le peuple romain se trouve confirmé dans sa vocation à la grandeur et à la vertu. Et lorsque Virgile passe, dans l’Eneide, du genre bucolique à l’épique c’est pour chanter les origines de Rome.
Dans la paix et la prospérité retrouvées, l’Italie se développe, atteignant quatre millions d’habitants. Rome est déjà une grande ville avec, sans doute, près d’un million d’habitants. L’œuvre d’Auguste y est importante. S’ils ne peuvent prétendre à l’originalité, quatre-vingts monuments y sont construits, dons le temple d’Apollon, protecteur de la famille d’Auguste. Cette floraison des arts et des lettres justifie l’expression d’un « siècle d’Auguste » comparable à celui de Périclès en Grèce.
A l’extérieur, Auguste n’a rien d’un guerrier. Il abandonne vite les ambitions de César sur l’immense empire des Parthes et cherche surtout à consolider par des traités les frontières acquises. Ancienne possession d’Antoine, l’Egypte est annexée et devient l’un des greniers à blé dont Rome a besoin. Seul échec du règne, Auguste ne put pacifier les Germains, et le général Varus perdit, en l’an 9 de notre ère, ses trois légions dans la forêt de Teutobourg. « Varus rend-moi mes légions » se lamentait l’empereur, nous rapporte la légende.
Le problème de la succession se posait. Comment transmettre au travers des apparences républicaines, cet empire patiemment constitué qui rayonnait sur le monde ? De son épouse Livie, Auguste avait seulement eu une fille, Julie. Après plusieurs échec à fonder une dynastie, il maria Julie à Tibère, né d’un premier mariage de Livie. Adopté par Auguste et élevé au rang de tribun, Tibère devait recueillir le pouvoir sans difficulté, lorsque Auguste mourut en 14 ap JC. Ainsi se perpétuait cette lignée julio-claudienne qui, avec Tibère, Caligula, Claude et Néron, devait présider aux destinées de Rome jusqu’en 68 ap JC.